Car hélas
le vent ne souffle pas toujours dans la même direction, la vie
a ses revers, elle est parfois cruelle (…).
Elle reste en tous cas une lutte
! La compétition est nécessaire.
A ce titre, ces terrains du championnat
de France de Lamotte Beuvron sont bien un champ d'honneur !
Telles
étaient les lignes d'introduction de cette page, … Vous l'aurez
compris, les drames se jouent aussi sur les terrains d'honneur.
Page
que j'aurais préféré ne jamais devoir rédiger, du moins dans ces
circonstances, mais dans un réel soucis d'information il est nécessaire
d'y consacrer, y compris parce que Monsieur Halty là également
souhaité.
Vous
trouverez ci dessous une grande partie de l'entretien téléphonique
que nous avons eu le mardi 09 juillet 2002 dans la soirée, alors
que la première partie de ces championnats de France venait juste
de se terminer le dimanche 07.07. 2002.
A
H : " … Bonsoir, c'est Armand Halty, … je viens vous donner
quelques informations …
P
.C : Bonsoir, et d'avance merci.
Sachez tout de suite que je souscris
au malheur qui vous est arrivé.
Je n'insisterais pas.
Ma peine personnelle n'est rien
en comparaison de ce que vous avez pu éprouver et vivre.
Parlez moi uniquement de ce que
vous souhaitez …
A.H : … Merci. (…)
Enfin.
Bon !c'est comme ça. (…)
Bon,
vous le savez, les championnats avaient plutôt bien commencé.
Charlotte ma fille et sa jument Alizée étaient seconde en CCE
C1 Elite … un titre de vice championne de France, ça ne se refuse
pas! et c'était déjà bien.
J'avais
dix (*) concurrents pour ces championnats … tous les espoirs étaient
permis.
Dix concurents, dont huit Pottok
et six d'entre eux qui courraient sous les couleurs du club Niv'au
Galop.
Parmi
ces six là, il y avait Babyjus de la Nive … qui avait été champion
de France en 1997 en CCE D2 sous la selle de Thomas Pontac.
Babyjus,
sortait cette année dans la même catégorie.
Il avait commencé son concours très convenablement,
il était 18ème au classement provisoire à la sortie du dressage
et sur quatre vingt onze engagés.
Et
puis il y a eu le cross …
La partie qu'il aimait le plus !
Il
y a eu les reconnaissances d'avant parcours, celle en groupe avec
les gens du poney club, celle avec Nathalie (la monitrice), celle
avec l'entraîneur national pour une analyse plus technique, celle
enfin seul où le concurrent fait ses propres choix. (…) "
Et
puis il y a eu le départ de l'épreuve, le parcours en lui-même.
A.H
: " … Babyjus pulvérise le temps de tous les passages intermédiaire
des autres concurrents aux mêmes obstacles.
S'il avait été jusqu'au bout … il
était " certainement " quatrième au provisoire et à la sortie
du cross ; … ensuite à l'hippique tout était jouable. "
Tout
allait donc pour le mieux, jusqu'à l'avant dernier obstacle.
A.H
: " Un obstacle pourtant " assez simple ", juste en léger dévers,
mais avec un abord rendu glissant par les pluies des jours précédent.
Il a percuté l'obstacle, il est
passé par dessus emporté par son élan.
Quand il s'est relevé de l'autre
côté et qu'il a fait un saut pour éviter sa cavalière, j'ai tout
de suite compris qu'il ne s'agissait pas d'une simple chute.
J'ai lâché : " il est foutu ". "
Babyjus
vient de se fracturé, l'antérieur gauche juste au dessus du genou.
A.H
: " Nous avons été, et babyjus plus particulièrement immédiatement
pris en charge par les organisateurs.
Le vétérinaire qui est intervenu
sur les lieux de l'accident est celui qui avait soigné Alizé il
y a deux ans quand elle s'était fracturé trois vertèbres en descendant
du camion.
Malgré cela, son diagnostique
a été tout de suite très réservé.
Il
a posé une attèle, et les premiers soins ont été effectués
sur place, en prenant garde à ce que tout traitement médicamenteux
n'empêche pas une éventuelle opération.
Un van a été dépêché sur les lieux
pour une évacuation, et pour le transporté en clinique afin de
radiographier et connaître l'étendue exacte des blessures. (…)
Il
est monté très dignement dans le van.
J'ai été (dans le van) avec lui
jusqu'à la clinique, y compris pour qu'il s'appuit sur moi durant
le voyage.
Je me rendais compte malgré tout,
que sa situation s'aggravait et en lui touchant les oreilles que
sa température s'élevait de plus en plus. "
Il
est aussi vrai qu'un accident dans ces circonstances d'effort
physique et où l'organisme est très sollicité pour assurer sa
propre fonctionnalité, complique largement toute récupération
du métabolisme du cheval et de ses différentes fonctions, et entraîne
une difficulté supplémentaire pour les interventions vétérinaire.
A.H
: " A l'arrivée, et après les radios, le vétérinaire m'a dit
ce que je pressentais déjà : … qu'il était impossible de faire
quoi que ce soit.
Je lui ai alors demandé d'interrompre
des souffrances devenues inutiles.
En
même tant que partait Babyjus, une partie de moi même s'en allait
aussi.
C'est un moment abominable à vivre.
C'est
quelque chose que je souhaite de ne jamais connaître, ... à qui
que ce soit.
Même à mon pire ennemi ! "
(...)
A.H
: " Je voudrai rajouter quelques choses :
·
Entendons nous bien, y compris de l'avis du juge d'obstacle il
n'y a pas eu de faute technique dans l'abord.
Je n'en veux à personne.
J'ai vu tant de poney se rattraper
par une dernière foulée quand ils arrivaient un peu " au taquet
", tant de gestes qui sauvent, tant de chutes plus violentes qui
auraient pu être plus grave … .
Là, il n'y a rien que je veux
reprocher.
Je pense que l'histoire est écrite,
ça devait être comme ça.
·
Si c'était à refaire, ce serait à trois cent pour cent !
C'était un accident !
Cela ne remet pas en cause ni mon
intérêt pour la compétition, ni mon envie d'y participer de nouveau
!
Il
ne faut pas comprendre en cela qu'il s'agit de prendre tout les
risques, y compris les plus inutiles ; mais je pense que c'est
au combat et par la compétition que les meilleurs sortent du lot.
La race Pottok est une race que
j'aime.
Il faut reconnaître qu'elle manque
de chance, depuis 1995 il y a eu environ 40 000 candidats qui
ont pris le départ de divers épreuves lors de ces Championnats
de France, il n'y a eu (fort heureusement ) qu'un seul accident
de ce type.
P.C
: Je partage pleinement votre analyse de la nécessité de la compétition
comme moyen de détection des talents chez les poneys que nous
élevons, comme moyen de validation du choix des reproducteurs
que nous utilisons.
A ce titre, non seulement Babyjus
est une perte affective, mais en tant qu'étalon c'est une perte
terrible pour l'élevage et pour la race.
A.H
: Oui, … j'en connais pourtant qui se réjouiront. (...)
J'ai été touché par le message que
Pierre Vonné m'a laissé sur la messagerie de mon portable, plus
que par le mail impersonnel que le président de l'association
m'a adressé.
P.C
: Sachez qu'a titre personnel, dans votre acceptation morale de
la fatalité de cet accident, et dans votre volonté de poursuivre
la compétition ; je trouve qu'il y a dans votre attitude à la
fois plus d'esprit sportif, plus honnêteté et plus de courage
que dans celle consistant à fuir ou à abandonner, … comme nous
avons pourtant et par ailleurs pu le constater … lors d'un simple
débat durant la dernière assemblée générale.
Je vous le dit d'autant plus volontiers,
que la perte de Babyjus vous rappelle combien coûtent les efforts,
et qui les finance.
A.H
: Merçi.
P.C
: Nous aurons prochainement l'occasion de nous rencontrer, afin
que je puisse proposer un résumé de la carrière de Babyjus sous
la rubrique "
Story / Exploit " pour les internautes qui fréquentent
le site. "

(*) dix concurents dont :
Alizé, Babyjus, Galop, Divine, Ixil et Joute qui sont Pottok et
qui représentaient le poney club Niv'au Galop. Flute de Beaupré
(F. anglo-arabe) qui était monté par son fils. Trois autres poneys
" de la Nive " : Biotz, Aube (qui sont Pottok) et Vague issue
d'une jument P.F.S, et qui à eux trois représentaient le club
de St foy la Grande.
PUBERT Christian
Photos :
Babyjus de la Nive et Armand Halty
lors du concours des étalons de Biarritz en février
2002/ PUBERT
Publié le 22.07.2002