Sommet d'Artzamendi
Après avoir quitté le fronton, il nous avait fallu reprendre notre voiture, et continuer en montant. Quand nous étions arrivés au col, il y avait eu un autre carrefour. Là. Nous avions pris en face. Puis avant que la route ne redescende vers l'Espagne, dans un virage nous avions pris une route à notre gauche, elle montait. Nous nous y étions engagés et nous avions poursuivi jusqu'au bout. A l'arrivée, un bâtiment entouré de radars dominait la montagne. Nous étions bien sur l'Artzamendi, . La montagne de l'ours en basque, d'une hauteur de 926 mètres. Ce n'était pas très haut, tout juste un peu plus que la Rhune, mais cela était suffisant pour que ce matin là quelques flocons tombés la veille soient encore présents. Au moment ou nous avions " escaladé ", la météo n'était pas très favorable. Le ciel était changeant et tourmenté, la vue vers le sud-est n'était pas très bonne. Malgré tout, à droite de l'Arzamendi, à travers les nuages nous devinions l'échine d'Iparla. En poursuivant la rotation, une crête en second plan se dessinait, pour s'élever jusqu'à un sommet qui ce jour là, avait la tête dans les nuages. C'était le " Gora Makil " et ses 1090 mètres. Toute cette crête et cette partie était située en Espagne, elle se poursuivait quasiment en ligne droite jusqu'à la Rhune. Justement, la Rhune elle apparaîssait sur la ligne d'horizon en tout petit et en troisième plan, plus à droite encore que la fin de la partie ouest de l'Artzamendi, dans les brumes du lointain mais sous le soleil. Vu de notre panorama, il y avait près de dix-neuf kilomètres entre nous. Trois cent mètres sous nos pieds un profond sillon s'étendait, c'était " le Pas de Rolland " que le couvert des nuages cachait. Leurs ombres formaient une ligne irrégulière qui entourait au second plan un pic : le Mondarrain. Ce nom lui aurait été donné par des bergers, et serait l'association de " Mendi - Arrano " en langue basque ; La montagne de l'Aigle, avec ses 749 mètres d'altitude. Un peu en contre bas et en arrière du Mondarrain sur son flanc droit, il était possible de distinguer l'Ezkondray, d'une hauteur de 550 mètres. Par un temps plus dégagé, ces deux pics nous auraient donné l'axe de Biarritz pour le premier et de Bayonne pour le second. Après l'Ezkondray, la ligne de crête redescendait vers la vallée de la Nive. Derrière son point de chute, et avant que la ligne ombragée de l'horizon du premier plan ne remonte vers l'Arzamendi, il était possible de voir une partie de la bourgade d'Itxassou. Nous foulions un dense tapis herbeux, du temps qu'un vent frais nous fouettait le visage. La pointe de l'herbe était roussie par le gel, c'était un matin d'hiver, les couleurs rendaient l'endroit avant tout minéral. Seuls quelques crottins attestaient de la présence de pottok en ces lieux malgré la saison, nous étions bien sur leurs territoires. Avec un peu de chance, nous les verrions peut-être en redescendant.