3 ème partie : L'air de rien ...

 

    … une fois l’hiver arrivé tous les poneys se sont mis à maigrir car ils luttaient contre le froid. Réséda, elle, grossissait à vu d’œil !

    Le Monsieur qui s’occupait du troupeau nous a alors demandé s’il n'était pas possible que celle-ci soit pleine ?
    Pleine ?
    De qui ? …

    C’est alors qu’" Ourasi ", l’âne qu’elle avait rencontré l’hiver précédent, et dont le propriétaire nous avait assuré qu’à un an il n’y avait aucun risque … bref que l’histoire du diabolique Ourasi, nous revint à l’esprit.


    Nous avons alors fait venir le vétérinaire, qui ne fit que confirmer la supposée gestation. Réséda était pleine, bien pleine … et : de plusieurs mois !

    Une « longue » attente a alors commencé, puis …

    Diabolo, un magnifique petit mulet est né le 18 janvier 1991.
    Réséda avait une immense grotte aménagée et paillée pour mettre bas mais, elle a préféré l’extérieur et la neige ! Sans doute un souvenir personnel de sa naissance au pays basque.

    Diabolo était adorable. Mignon à craquer ! Avec dès le départ un caractère de cochon … Très indépendant, comme celui de sa mère. Les chiens ne font pas des chats dit le proverbe !

    Puis il a grandi, et quand il a eu trois ans il a même été débourré et les enfants des environs et du club pouvaient le monter !

    J’aimais beaucoup partir en balade avec lui. Je montais Réséda, tandis qu’il nous suivait en liberté. Il disait bonjour aux randonneurs mais ce que j’aimais le plus en balade, c’est qu’il chargeait les chiens de ferme qui venaient aboyer contre Réséda et une fois que nous étions passées, il revenait très fier de lui.

    Il y a aussi la fois où nous nous sommes retrouvés au milieu d’une battue de sangliers. Les chasseurs n’avaient pas le droit d’être dans la forêt privée où nous nous me baladions. J’étais entrain de me faire attraper par un des chasseurs quand Diabolo s’est mis à galoper après tous les chiens de la meute. La battue a dû être interrompue à cause du désordre que cela avait créé. Ce jour là, j’ai été très fière de lui.

    Puis Diabolo est devenu adulte, les mulets étant stériles, nous ne l’avions pas fait castrer. Il est vrai qu’il était très sympa, mis à part que dès qu'un enfant ouvrait les fils de son enclos, il s’échappait !
    Le vrai portrait de sa mère ! Fugueur comme elle ! Ces escapades devenaient trop pénibles pour les propriétaires des lieux qui nous ont demandé … de partir !

    Nous étions désemparés. Mes parents ont alors trouvé une solution provisoire. Nous avons trouvé un pré à proximité de notre maison, où nous avons construit un abri. Réséda et Diabolo étaient d’un côté et Pantin de l’autre.
    Cette solution n’était que provisoire car il n’y avait pas d’eau ni d’électricité.



(... sur cette photo Pantin est au fond au dessus de Diabolo !)

    Ma mère allait, matin et soir, donner à manger aux chevaux. Il fallait monter à chaque fois des bidons d’eau sur un chariot à roulettes . En hiver, elle avait une lampe frontale qui lui donnait l’air d’un mineur, parfois c’était un peu plus pénible surtout quand il y avait de la neige. Là nous montions les bidons d’eau sur une luge car la voiture ne pouvait pas aller jusqu’au bout. Heureusement, quand dans un sens ça monte ; en sens inverse ça descend !, là j’ai battu des records de descente avec la luge !.
    Mais autant dire que la situation n’était pas viable à long terme.
    Je l’aidais dès que je pouvais mais mon travail d’école ne me le permettait pas tous les soirs.

    En 1995, nous avons amené Réséda, Diabolo et Pantin dans une ferme. Une dame y gardait des chevaux au pré. Pantin était à la retraite et je ne prenais Réséda plus que pour les balades. Tout se passait très bien jusqu’à ce que Diabolo meure subitement.

    Ce soir là, j’étais partie en balade avec Réséda. Diabolo, bien qu’il soit sevré, s’énervait dans son pré comme à son habitude et à chaque fois que je lui prenais sa mère.
    A mon retour, lorsque j’ai rentré Réséda dans le pré, Diabolo a galopé pour nous rejoindre et il est tombé. En quelques secondes, il était mort.

    J’étais dans tous mes états. Réséda l’a reniflé. Le vétérinaire n’a fait que constater le décès.
    Il nous a expliqué qu’il devait souffrir d’une malformation cardiaque.
    J’ai alors pensé à Réséda qui n’a jamais eu de souffle. Avait-elle une malformation ? Avait-il hérité de l’emphysème de sa mère ? Diabolo avait-il tout simplement fait une rupture d’anévrisme ??? Je me suis posée une multitude de questions et je sais que je suis devenue hyper protectrice avec Réséda.
    Peut-être trop.

    Suite à la mort de Diabolo, Réséda a eu une réaction inattendue, elle a développé des petites boules tout le long des canaux lymphatiques. Il n’y avait rien à faire selon le véto. sinon de s’en occuper et de la masser.
    Une année après, alors que tout était revenu normal Réséda a fait une montée de lait. C’était le mois d’octobre, et à une semaine près, cela faisait un an que Diabolo était mort.
    Nous avons réussi à lui tarir le lait avec une pommade, ensuite elle s’est mise à en faire toutes les années, à chaque mois d’octobre, puis à n’importe quel moment de l’année. Une dizaine d’années après elle en fait encore.

    Cet accident nous a un peu plus rapprochées.

    Je continuais toujours à la monter, c’est alors que nous nous sommes orientés vers le Trec. Comprendre : Technique de Randonnée Equestre de Compétition, sorte de challenge où il faut réussir des épreuves le plus souvent de docilité ou de maniabilité, et où les qualités naturelles du pottok pouvaient s’exprimer pleinement.

    Le plus dur c’était que Réséda n’avait pas forcément peur là ou elle aurait dû, … ni là ou on s’y attendait le plus, mais bon, … les concours de saut d’obstacles nous avait déjà préparées à presque tout, y compris au ridicule, et au fil des années j’étais de plus en plus capable de prévoir et d’anticiper.

    Avec le temps, près de 14 ans se sont écoulés depuis le début de cette histoire, …, j’avais moi aussi grandi !

(... à suivre !)